Comète D/1993 F2 Shoemaker-Levy 9, ou SL9
Le 24 mars 1993, les astronomes Eugene Shoemaker (1928-1997) et son épouse Carolyn, ainsi que Daniel Levy, assistés d’un jeune astronome français, Philippe Benjoya, découvrent une nouvelle comète, baptisée D/1993 F2 Shoemaker-Levy 9, en abrégé SL9. Très curieusement, elle se présente sous la forme d’une vingtaine de fragments alignés, vite baptisés le « collier de perles ». Les mécaniciens célestes reconstruisent son histoire : l’objet, une comète normale, est passé à proximité de Jupiter en juillet 1992 et s’est fragmenté sous l’effet des forces de marée qui s’exercent inégalement sur ses différentes parties, et tendent à le déformer et éventuellement à le rompre. Les fragments se sont ensuite mis en orbite autour de la planète. Ils ont successivement percuté Jupiter en juillet 1994. La géométrie est telle que les impacts se sont produits derrière le disque de Jupiter et n’ont pas été directement observables depuis la Terre. Leurs sites ont cependant été visibles quelques minutes après, grâce à la rotation rapide de la planète. Le télescope Hubble a fourni de la séquence une série d’images d’une qualité exceptionnelle. Les instruments de la sonde Galileo ont de leur côté enregistré la totalité du phénomène.
La chute d’une comète sur Jupiter est un événement rare, mais pas exceptionnel : des dessins de Jupiter, réalisés en décembre 1690 par Jean-Dominique Cassini à l’Observatoire de Paris, montrent des taches noires qui sont probablement dues à la chute d’une comète sur la planète. Les théoriciens estiment qu’une comète doit tomber sur Jupiter en moyenne tous les 500 à 1000 ans. Dans le cas de la Terre, un tel phénomène n’interviendrait heureusement que tous les quelques millions d’années. Ce sont les comètes et les astéroïdes qui ont ainsi apporté sur la Terre l’eau des océans, à une époque reculée où ces chutes étaient bien plus fréquentes.