Mitchell Maria
Maria Mitchell (1818-1889) eut la chance de naître sur l’île de Nantucket dans une famille éclairée où l’éducation était équitablement dispensée à toute la fratrie, forte de dix enfants. Sa mère avait travaillé dans deux bibliothèques pour pouvoir lire ; son père, quaker, ouvre une école en 1827 avant de prendre un emploi dans une banque. Sa fille est éduquée dans diverses écoles, dont celle de son père, jusqu’à l’âge de 16 ans, prolongeant son éducation en autodidacte par la lecture des ouvrages mathématiques de Bridge, Hutton, Legendre, Laplace, Gauss…. Elle assiste aussi très tôt son père, qui mène des observations et vérifie les chronomètres des baleiniers de l’île, dans ses activités d’astronome amateur. Elle détermine avec lui à l’âge de 12 ans et demi l’heure exacte d’une éclipse annulaire, et apprend très tôt à se servir d’un télescope. L’île de Nantucket où elle est née, comptait, rapportera-t-elle plus tard, beaucoup d’astronomes amateurs préférant le ciel à la monotonie des paysages.
A 17 ans, Maria Mitchell ouvre une école où elle applique comme son père, des méthodes non conventionnelles. Elle obtient en 1836 un poste au Nantucket Atheneum, la bibliothèque, ce qui lui permet de gagner sa vie et de poursuivre son éducation par les livres. Elle continue aussi ses activités d’astronome dans l’observatoire que son père a établi sur le toit de sa maison. C’est ainsi qu’elle découvre en 1847 une comète. Son père signale la découverte à William Bond, professeur à Harvard, lequel saisit le roi du Danemark qui avait promis des médailles d’or aux découvreurs de comètes. Le courrier ayant tardé, la médaille est octroyée au père Francesco de Vico, qui avait observé la même comète deux jours après la jeune femme. Celle-ci reçoit cependant la décoration l’année suivante et la comète prend le nom de « Miss Mitchell’s comet » (C/1847 T1).
Sa découverte fait du bruit et elle devient le premier membre féminin de l’American Academy of Arts and Sciences en 1848, puis membre de l’American Association for the advancement of science (1850). En 1849, elle est embauchée au Bureau de l’US Nautical Almanac pour calculer les positions de la planète Vénus. En 1857, elle est chargée de chaperonner la fille d’un banquier dans son voyage en Europe et visite Londres, Paris et Rome. A son retour, elle se voit offrir un télescope financé par des femmes américaines pour honorer les premières astronomes du pays et confirme que les tâches solaires ne sont pas des nuages mais des cavités verticales. En 1865, elle est nommée professeur d’astronomie au Vassar College et directrice de son observatoire, qui abritait un télescope de 12 inches de diamètre, un des plus grands des USA. Elle découvre que son salaire était inférieur à celui de plus jeunes enseignants masculins et se bat pour qu’il soit augmenté. Ses recherches porteront sur des sujets variés : le Soleil, Jupiter et Saturne, la photographie astronomique…
Première femme élue en 1869 à l’American Philosophical Society, elle participe en 1873 à la fondation de l’Association for the Advancement of Women dont elle est présidente de 1874 à 1876. En 1873 également, elle assista à la première réunion du Congrès des femmes. Féministe, elle encourage les jeunes femmes à étudier et travailler et milite en faveur de l’abolition de l’esclavage.
En 1902 la Société astronomique Maria Mitchell est fondée en son honneur. Un cratère lunaire porte son nom de même que l’Observatoire de Nantucket, sa ville natale.