Lepaute Nicole-Reine

1723-1788

Nicole Reine Étable nait à Paris au palais du Petit Luxembourg où son père était au service de Louise Elisabeth d’Orléans. Elle dévore les livres, s’intéresse aux sciences et épouse en 1749 l’horloger Jean André Lepaute, venu installer une horloge au fronton du palais du Luxembourg et qui devient horloger du Roi en 1753. L’astronome Jérôme Lalande, qui installe un observatoire au Luxembourg, devient bientôt un ami du couple et encourage Jean Lepaute à construire des horloges astronomiques. Très attirée par les mathématiques et l’astronomie, Madame Lepaute réalise pour le Traité d’horlogerie (1755) de son époux des tables d’oscillations du pendule.

Dans l’attente du retour de la comète de Halley, Lalande propose au mathématicien Clairaut l’aide de Madame Lepaute, pour l’assister dans les très longs calculs nécessaires afin de prendre en compte l’influence de Saturne et Jupiter sur le mouvement de la comète. Tous trois collaborent des mois durant -selon Lalande, Nicole Reine Lepaute aurait cependant assuré la majeure partie des calculs- et annoncent en novembre 1758 le retour de la comète pour le 13 avril 1759. Le passage au périhélie de la comète un mois plus tôt que prévu, le 13 mars, montre la qualité de leurs calculs et donne raison à Halley.

La publication en 1760 de la Théorie du mouvement des comètes  par Clairaut entraine sa brouille avec Lalande car il a omis de citer le nom de Madame Lepaute : omission délibérée selon Lalande, les mérites de Madame Lepaute ayant été sacrifiés à la jalousie de la maitresse de Clairaut.

Nicole Reine Lepaute continue de travailler avec Lalande qui, en 1759, est chargé par l’Académie de publier des éphémérides annuelles dans  La connoissance des temps, ou Calendrier et éphémérides du lever & coucher du soleil, de la lune, & des autres planètes… et s’entoure de plusieurs assistants. Plusieurs travaux de Madame Lepaute sont cités dans ce périodique, qui paraît depuis 1678 et est le plus ancien de ce genre publié au monde : ainsi la Table des angles parallactiques (CDT pour 1763), et les calculs pour la comète observée en 1762. La même année elle publie dans les Mémoires de Trévoux une carte très remarquée donnant la progression de l’éclipse annulaire de Soleil prévue en 1764 dans toute l’Europe et en 1764 les Calculs pour l’éclipse annulaire du 1er avril 1764 (CDT pour 1764).

L’amitié profonde de Lalande pour Madame Lepaute, femme savante et aimable, lui inspire ces vers élogieux :

De tables de Sinus toujours environnée,
Vous suivez avec nous Hipparque et Ptolémée ;
Mais ce serait trop peu que de suivre leurs traces,
Et d’être au rang de ceux que nous comblons d’honneurs,
Reine, si vous n’étiez et le sinus des Grâces,
Et la tangente de nos cœurs.

Sans enfant, Nicole-Reine Lepaute se charge en 1768 de l’éducation d’un neveu de son mari, Lepaute d’Agelet, lui enseignant avec Lalande les mathématiques et l’astronomie. Il deviendra professeur de mathématiques à l’école militaire en 1777 et mourra au cours de l’expédition de La Pérouse, en 1788, l’année même où s’éteint Nicole-Reine Lepaute à qui Philibert Commerson, naturaliste de l’expédition Bougainville et intime de Lalande, avait dédié la rose du Japon, ou hortensia.