La NASA fait montre d’une grande ambition, car elle espère pouvoir accompagner la comète sur son orbite en modifiant profondément la trajectoire de la sonde grâce à la propulsion ionique, basée sur l’éjection d’ions accélérés par des grilles portées à des potentiels électriques élevés. Mais l’enthousiasme du public suscité par les missions Viking vers Mars est retombé car elles n’ont pas démontré la présence de vie sur la planète, et la NASA abandonne l’idée d’accompagner la comète dans son mouvement, ceci qui ne sera réalisé que bien plus tard par la mission Rosetta.
La situation est plus favorable en Europe, qui s’est dotée en 1975 d’une agence spatiale, l’ESA (European Space Agency). L’ESA envisage dès 1976 une mission cométaire. Au vu de ses propres difficultés financières, la NASA lui propose en 1979 une mission commune vers la comète. Mais l’ESA redoute à juste titre une défection américaine, qui va d’ailleurs bientôt se produire. Heureusement, elle a décidé en 1980 de développer sa propre mission ; ce sera le projet Giotto, en l’honneur du peintre qui a représenté vers 1305 la comète dans une fresque célèbre à Padoue.
La sonde Giotto doit être lancée en juillet 1985 pour atteindre à temps la comète, ce qui impose que tous les instruments qu’elle comportera soient prêts fin 1984. C’est un défi qui sera relevé de façon très satisfaisante : le lancement par une fusée Ariane a bien lieu le 2 juillet 1985.
En parallèle, en France, une collaboration active a lieu avec les soviétiques autour de l’astronomie spatiale. Un projet commun vise à explorer Vénus : c’est la mission Venera-84. Mais après avoir survolé Vénus, pourquoi ne pas se diriger vers la comète ? Les soviétiques prendraient ainsi leur revanche sur les américains. Le projet est accepté et nommé Vega (une contraction de Venera-Halley en russe). Comme souvent chez les soviétiques, elle comporte deux sondes identiques ; les astronomes français placent sur chacune d’elles un spectromètre infrarouge baptisé IKS (InfraKrasnoie Spektrometer en russe).
De son côté, dans la discrétion, l’agence japonaise ISAS construit les sondes Suisei et Sakigake, principalement destinées à l’étude du vent ionisé que le Soleil envoie dans tout le Système solaire, mais qui doivent passer non loin de la comète pour l’observer.
Les cinq sondes – une européenne, deux soviétiques et deux japonaises, passeront effectivement en mars 1986 à des distances plus ou moins grandes de la comète. La NASA, qui vient de subir le désastre de l’explosion de la navette Challenger le 28 janvier précédent, assiste impuissante à l’événement.