Près de la comète de Halley

Pour préparer les cinq missions destinées à visiter la comète de Halley, les astronomes professionnels et amateurs se groupent pour l’observer au mieux depuis le sol. Leur collaboration internationale, nommée International Halley Watch, se révèle exemplaire. Il faut d’abord la retrouver, ce qui fait l’objet d’une grande compétition, gagnée en octobre 1982 par le télescope de 5m de diamètre du Mont Palomar : la comète est à seulement 10 secondes de degré de la position prévue par les mécaniciens célestes, ce qui est un exploit remarquable. La comète se rapproche, mais elle est bien moins brillante qu’à son passage précédent de 1910. Elle reste loin de la Terre, et se trouve à son périhélie de l’autre côté du Soleil. On en attendait beaucoup, et le public est déçu de la voir si mal. Ce n’est heureusement pas le cas des sondes qui s’approchent de la comète.

 

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Cliché de la redécouverte de la comète de Halley au Mont Palomar en octobre 1982. La comète est le petit point au centre du cercle ; les étoiles du champ sont surexposées. La caméra CCD ayant pris ce cliché, une grande nouveauté à l’époque, est semblable à celle qui équipera plus tard le Télescope spatial Hubble (HST). L'Astronomie, 1982.

Les sondes Giotto et Vega 2 vont fournir les premières images d’un noyau cométaire. Celle de Vega est d’une qualité médiocre, mais elle montre cependant que ce noyau est loin d’être sphérique. La première image de Giotto est saturée, car c’est la poussière très brillante émise par le noyau cométaire qui est centrée par l’objectif.

Heureusement, après la frayeur initiale, on parvient à obtenir une belle image. Surprise : le noyau est très sombre, presque noir, et c’est pourquoi il est si difficile à voir. Il est probablement recouvert d’une couche de poussières, sous laquelle la glace est enfouie et ne se sublime qu’en quelques endroits sous l’effet du chauffage par le Soleil, formant des jets dont le prolongement est les fameuses aigrettes décrites par Arago.

 

 

 

 

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Le noyau de la comète de Halley vu par la sonde Giotto en mars 1986. Le noyau lui-même est très sombre dans les parties qui ne sont pas éclairées par le Soleil, car il est recouvert de matériaux solides surmontant la glace. Des points brillants à gauche, chauffés par le Soleil, sont les endroits d’où s’échappent les produits de sublimation de la glace interne, accompagnés de poussières, formant les jets brillants.

Crédit : ESA/ Max-Planck-Institut (MPS)

 

Les dispositifs d’observation scientifique portés par les différentes sondes ont tous bien fonctionné. Un résultat particulièrement intéressant est obtenu par le spectromètre infrarouge IKS construit par la France et placé sur la sonde Vega, qui a détecté pour la première fois plusieurs des molécules-mères directement issues du noyau, avant qu’elles ne soient détruites ou ionisées par le rayonnement ultraviolet solaire : on y voit la signature de la vapeur d’eau (déjà observée avec beaucoup de difficultés à partir d’un avion stratosphérique), du monoxyde et du dioxyde de carbone, ainsi que du formaldéhyde H2CO. Décidément, la rencontre avec la comète de Halley marque une nouvelle ère dans notre connaissance des comètes.

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Le spectre infrarouge de la comète de Halley, obtenu avec le spectrographe IKS placé sur la sonde VEGA. On y voit les émissions de la vapeur d’eau, du monoxyde et du dioxyde de carbone et du formaldéhyde H2CO, ainsi qu’une émission vers 3,3 micromètres (repérée par la mention CH-X) caractéristique de molécules carbonées complexes.

d’après M. Combes et al., Icarus 76, 40, 1988.
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La comète de Halley vue de l’Observatoire de Haute-Provence, le 15 janvier 1986. Cette photographie est peut-être la meilleure de la comète à son passage de 1986. Elle présente un aspect classique avec sa queue de poussières. La queue de gaz est trop peu lumineuse pour être visible.

Crédit : Observatoire de Haute-Provence/CNRS