L’incroyable périple de la sonde Rosetta

L’histoire de la sonde européenne Rosetta est mouvementée. Après avoir acté le principe d’une mission cométaire, on envisage initialement le prélèvement d’échantillons cométaires, mais ce projet paraît technologiquement risqué (de fait c’est seulement en 1999 que la NASA lancera Stardust). En 1994, on opte pour une mission d’accompagnement de comète, avec deux atterrisseurs sur son noyau, l’un fourni par l’Allemagne et l’autre par la France et la NASA. Cette dernière ayant fait défection, ne reste plus qu’un seul atterrisseur, nommé Philae, tandis que l’orbiteur autour de la comète est nommé Rosetta en souvenir de la célèbre pierre de Rosette qui a permis de déchiffrer les hiéroglyphes égyptiens. Rosetta doit atteindre la comète 46P/Wirtanen, une comète peu active dont on espère que le flux de poussières n’endommagera pas la sonde. Le lancement est prévu pour le début de 2003, par une fusée Ariane 5. Mais, le 11 décembre 2002, une fusée Ariane 5 explose au lancement, le calendrier est bouleversé et il sera impossible d’atteindre la comète prévue. Il faut changer de cible. C’est la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko, découverte en 1969 par deux astronomes ukrainiens, qui est choisie. Il faut recommencer les calculs de mécanique céleste définissant la trajectoire de la sonde pour atteindre la comète.

L’incroyable périple de la sonde Rosetta - 1

Lancement de Rosetta à Kourou (Guyane) par une fusée Ariane 5, le 2 mars 2004

Crédit : ESA/CNES/ARIANESPACE-Service Optique CSG, 2004

Le lancement a lieu avec succès le 2 mars 2004 par une fusée Ariane 5, version G+. La trajectoire de la sonde est très complexe, car il n’est pas facile d’atteindre et d’accompagner avec peu de carburant une comète dont l’orbite est très différente de celle de la Terre. Ceci va nécessiter plusieurs passages près de planètes qui accélèrent la sonde et dévient sa trajectoire de façon calculée. C’est ce que les spécialistes appellent l’assistance gravitationnelle.Après un survol de la Terre, un survol de Mars et deux autres survols de la Terre, et en dépensant une tonne de carburant, la comète est enfin atteinte dix ans après le lancement : un magnifique succès de la mécanique céleste.

Au cours de son voyage, Rosetta est passée successivement près de deux astéroïdes, Steins et Lutetia, dont de belles images ont été obtenues. Puis la sonde est mise en hibernation le 8 juin 2011. Son réveil – moment critique – a lieu le 20 janvier 2014.

 

 

 

 

 

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La trajectoire de Rosetta. La sonde a subi une première déviation (assistance gravitationnelle) par la Terre, puis une par Mars, puis encore deux autres par la Terre, afin de rejoindre la comète 67P et de l’accompagner sur sa trajectoire.

Crédit : ESA

La comète étant peu massive, il est pratiquement impossible à Rosetta de se mettre immédiatement en orbite libre autour d’elle. Grâce aux petits moteurs à réaction qu’elle contient, on la fait évoluer en triangle autour du noyau. C’est seulement dans une phase ultérieure que la sonde est suffisamment proche du noyau pour orbiter naturellement autour de lui. Encore faut-il corriger ensuite sa trajectoire et l’éloigner assez rapidement du noyau pour éviter qu’elle ne soit endommagée par la poussière qu’il émet.


Crédit : ESA – C. Carreau