La désignation des comètes

La dénomination des comètes a beaucoup varié au cours du temps. Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, on les désignait simplement par l’année de leur apparition. La première à avoir reçu un nom est la comète de Halley que La Caille appelle ainsi en 1759. Désormais, les comètes prendront souvent le nom de leur découvreur, ou de celui qui a établi leur périodicité éventuelle : tel est le cas des comètes de Lexell et de Encke.

Au XXe siècle, leur est affectée en plus une désignation provisoire qui indique l’année de leur découverte suivie d’une lettre minuscule donnant l’ordre de cette découverte dans l’année. Puis une désignation définitive est donnée environ deux ans après, incluant l’année de leur passage au périhélie suivie d’un numéro d’ordre en chiffres romains. C’est ainsi que la comète West, découverte en 1975 et passée au périhélie le 25 février 1976, s’est d’abord appelée 1975n puis 1976 VI. Ce système comporte des inconvénients. Le nombre de comètes découvertes augmentant rapidement, on épuise les lettres de l’alphabet et il faut recommencer l’alphabet et y ajouter un chiffre : ainsi la 27e comète de l’année XXXX est affectée de la désignation provisoire XXXXa1. Quelquefois, les comètes sont découvertes après leur passage au périhélie, ce qui conduit à des incohérences. Enfin certaines comètes à courte période sont observables tout au long de leur orbite, rendant sans objet leur désignation provisoire.

carte-jeu.jpeg

Cartes et calques de cartes d'un jeu de comète royale (1748-1774)

Source : Gallica.bnf.fr / Bibliothèque Nationale de France

Depuis le 1er janvier 1995 l’Union Astronomique Internationale a fixé de nouvelles règles de nommage des comètes :

  • un préfixe, C/ pour les comètes nouvelles ou de période supérieure à 200 ans, P/ pour les comètes à période plus courte, et plus rarement X/ pour celles dont l’orbite n’a pas pu être déterminée et D/ pour les comètes disparues ;
  • l’année de la découverte, puis une lettre majuscule identifiant le demi-mois de la découverte, puis un nombre donnant l’ordre de la découverte dans ce demi-mois ;
  • De façon optionnelle, le nom d’un ou (au plus) deux découvreurs peut être ajouté pour respecter la tradition, avec éventuellement un numéro d’ordre si cette ou ces personnes avaient précédemment découvert d’autres comètes. Beaucoup de comètes sont maintenant découvertes par l’observation avec un télescope robotisé, un satellite artificiel ou une sonde spatiale et on ajoute alors le nom de l’instrument (par exemple LINEAR ou SOHO).

Ainsi la deuxième comète découverte dans la deuxième partie du mois de janvier 1996, une comète à longue période, est désignée C/1996 B2 Hyakutake.

phenomene-celeste.jpeg

Vue d'un phénomène céleste ressemblant à une comète qui a apparu à Salon en Provence -  Gedruckt zu Nurmberg bey M. Joachim Heller, 16e siècle.

Source : Gallica.bnf.fr / Bibliothèque Nationale de France

Ce n’est pas tout ! Pour les comètes périodiques dont on a observé plusieurs retours, un nombre séquentiel vient s’ajouter devant le préfixe P/, qui indique l’ordre dans lequel elles ont été découvertes ou identifiées, en abandonnant tout le reste de la nomenclature. On y ajoute généralement le nom du découvreur. Ainsi on trouve en 2015 325 comètes dans cette classe : 1P/Halley, 2P/Encke, 3D/Biela (une comète disparue), 4P/Faye … 325P/Yang-Gao.

Cette histoire complexe a pour conséquence l’existence pour beaucoup de comètes de dénominations multiples. À titre d’exemple, la comète qui s’est écrasée sur Jupiter en juillet 1994  s’est appelée successivement 1993e, puis 1994 X, puis D/1993 F2 Shoemaker-Levy 9.

 

cometes-diverses-1.jpg

Principal comets, Plate 1, tiré de Astronomy / Jean Rambosson - 1875.

Source : Internet Archive Book Images